Écrivain
Olivier Poivre d'Arvor met sa carrière de diplomate au service des causes les plus nobles, notamment la culture et l'environnement.
Après avoir été successivement directeur de France Culture et ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre d'Arvor est ambassadeur en charge des pôles et des enjeux maritimes. Une mission aux enjeux capitaux dans ce contexte de lutte contre le réchauffement climatique et l’extinction des espèces. Passionné du monde marin, le diplomate et écrivain a publié plusieurs livres sur le sujet.
Beau livre
La France, ce n’est pas une terre. C’est un archipel. L’un des plus singuliers, voire le plus important de la planète bleue. L’histoire, dans ce Voyage en mers françaises, façonne la géographie. Et rapproche des communautés humaines aux antipodes les unes des autres. Pour la France, il n’y avait pas d’autre option, avec ses trois extraordinaires façades maritimes, que ces 360 degrés autour du globe. Se porter au-delà de ses terres, bien au-delà, sur les deux hémisphères. La France, se projetant parfois de manière désordonnée sur toutes les mers, est ainsi devenue en deux ou trois siècles cet archipel qui ne se reconnaît toujours pas franchement dans cette acception. Comme si la centralité était la puissance alors même que les nouveaux pouvoirs s’exercent aujourd’hui à travers rhizomes et réseaux. Un archipel pourtant riche de 30 frontières maritimes, autant de voisinages fertiles, quand il n’en compte que 11 terrestres. Un alliage, qui lui est propre, si on le compare aux autres pays européens de colonisation, composé de savants, sincèrement désireux de connaissance, de marchands avides de marchandises et de marins illuminés, fils de famille, de cardinaux ou enfants déshérités, mus par cette chose toute simple, humaine, trop humaine qu’Alain Gerbault a si spectaculairement incarnée : l’envie de partir. À jamais. De ficher le camp. Y compris et peut-être surtout, là où l’on ne sait pas où cela se trouve, sinon au nord, au sud… assez loin, pour que l’on ne vous retrouve plus. Et tout cela, ces fuites, ces disparitions, pour servir des souverains et des princes âpres au gain, au cœur de cette aventure, pas toujours habités par l’ambition maritime et pas nécessairement conscients que la conquête du monde sur mer présentait des intérêts stratégiques durables autres qu’immédiatement monnayables.